Les Nobel en pays Provençou

Alors que j'approche dangereusement des 6 mois de grossesse, me voici aux prises avec un nouvel interlocuteur : après la gynéco, le labo d'analyses médicales, la sécu et la CAF, welcooooome... le cabinet de sages-femmes !

Premier rendez-vous des 8 cours de préparation à l'accouchement remboursés par la Sécu, je suis attendue au RDC d'un petit immeuble dans une zone résidentielle de St Raphaël par une certaine Nicole, sage femme diplômée de son état. La salle d'attente est confortable, c'est sûr, on a pensé à mon pauvre dos malmené en installant ces super canapés ! Par contre, on a oublié de me prévenir que les murs avaient été entièrement squattés par une ligue pro-allaitement !

Imaginez des tonnes de prospectus avec bébés en gros plan têtant goulûment des seins que Lolo Ferrari n'aurait sans doute pas reniés... parfois, pour varier les plaisirs, le prospectus met en scène une maman ultra épanouie (et qui a visiblement retrouvé très vite la ligne) tenant son gosse dans les bras comme une madone à l'enfant... et puis au milieu de tout ça, la caution scientifique : des schémas en coupe de planchers pelviens dans tous les sens, beuark, histoire d'enfoncer le clou sur l'intérêt de la réeducation périnéale.

En moins de 2 minutes, j'avais tout compris : d'ici quelques mois, si je voulais être une bonne mère, j'allais allaiter mon enfant pendant 6 à 12 mois (pour les anticorps et tout ça) assise sur mon périnée en pleine réeducation et j'étais priée au passage d'avoir l'air épanouie.

Pendant les 20 minutes d'attente dans cette salle de lobbying, j'entendais la voix de crécelle de ce qui devait être une sage femme en consultation juste à côté. Je crois que je préfère les esthéticiennes. Peut-on décemment utiliser autant de mots savants et parfaitement inutiles là où 2 mots suffisent ? On le sait qu'elles sont "professionnelles", pas la peine d'en rajouter...

A ce stade, je commençais à craindre une heure de face à face ennuyeux avec une gentille cruchonne qui aime les animaux et les enfants, mais arrive soudain dans la salle d'attente une grande nana déguingandée, la cinquantaine bien tapée et bien mise qui me lâche, les mains sur les hanches : "bah ça va, vous êtes bien installée dites moi ! Désolée pour le retard, hein, je passe mon temps à répondre à ce fichu téléphone le lundi matin, venez !"

Avec cette vieille baroudeuse au langage fleuri, on s'est bien marrées, on a parlé boulot, du programme de ses cours, des nouvelles dispositions du plan de sortie précoce de la maternité après accouchement (apparemment, ça leur casse bien les c... parce qu'elles doivent aller directement chez les jeunes mères faire le suivi que l'hôpital cherche à économiser), et j'ai retenu au final deux conseils dont je me doutais un peu mais qu'il est toujours bon d'entendre d'une autre bouche :

_ Un : plein de gens vont tenter de me donner des "bons" conseils, mais si j'ai mon idée sur la question, il vaut mieux que je suive la mienne, ça sera toujours plus cohérent pour le gamin.

_ Deux : Pas la peine de me documenter sur les bons gestes, ça vient en pratiquant, le bébé n'en mourra pas si on ne lui nettoie pas les fesses de manière 100% orthodoxe.

Prochain rendez-vous en août.