Les Nobel en pays Provençou

Je finis par croire, entre cyclones, seïsmes et la mort de ce bon vieux Aimé, que Laurent et moi portons définitivement la poisse à cette pauvre île qui ne nous a pourtant rien fait. Monsieur Césaire est décédé, mais je pense que vu le tapage médiatique, ça n'aura échappé à aucun lecteur de ce blog. Et je peux vous le dire : si vous en métropole, vous avez beaucoup entendu parler de "négritude" et d'africanité ces derniers jours, ce n'est RIEN à côté de la centaine de restrospectives, de panneaux commémoratifs, de lectures de poèmes publiques et d'éditions spéciales que nous endurons depuis jeudi.

Le matin de son décès, on a vu apparaitre en bas de chez nous de grandes barrières anti-émeutes et une déviation pour la circulation automobile. Puis la maison à 10 mètres de la nôtre s'est couverte de tentes, de fleurs et de policiers... on a alors compris qu'on habitait sans le savoir à 10 mètres de chez Aimé Césaire. Je vous aurais bien fait un reportage photo mais les flics et les mamies en pleurs l'auraient sans doute mal pris.

Le lendemain matin, l'île était couverte de panneaux commémoratifs, et l'édition du France-Antilles sortait un supplément "Aimé Césaire ne mourra jamais" : tout cela était vraisemblablement prêt depuis quelques années déjà.

Le bâtiment de la Préfecture s'est couvert d'un panneau commémoratif (comme l'aéroport, le tribunal d'instance, la mairie de FDF, l'autoroute, la supérette du coin et les chiens errants...)

Aimé Césaire est enterré en ce moment même, et il n'y a plus âme qui vive au centre de Fort-de-France, à part les drogués. J'y vois un avantage : au moins pour un temps, avec tous ces officiels qui débarquent, ça fera repartir le tourisme de luxe en Martinique...