25 juin 2009 Epilogue
Nous voici à la fin de ces deux années martiniquaises. C'est toujours un peu tristounet l'heure du bilan, mais y a ptet du syndrome de Stockholm là dedans ? ;-)
De retour à Paris, j'ai entamé une (petite) marche de l'avenue de Wagram jusqu'à la Défense : j'ai observé les parisiens à l'heure du déjeuner, tous les travailleurs en costard sombre par groupes de 3 ou 4, le sandwich Lina's à la main (ou le smoothie Innocent pour les nanas), l'air important et soucieux, et j'ai réalisé que même si je le voulais maintenant, je ne pourrai plus jamais faire partie de "l'élite" parisienne des ingénieurs, ESC, et autres bankable people, tous ceux qui, grace à leur cursus, ont gagné le droit... de travailler plus dur que tous les autres.
Je suis passée par la Martinique et j'ai découvert un truc super important.
Certes, tout ne tourne pas toujours parfaitement rond aux Antilles, on remarque des petits détails qui -honnetement- sont très iritants quand on débarque fraichement de la région parisienne : des formules de politesse manquantes dans la relation client, l'ile n'est jamais régulièrement approvisionnée et on attend plus longtemps pour tout, les routes sont mal conçues, encombrées, les peintures des maisons s'écaillent, il n'y pas de boites de nuit digne de ce nom, pas de vie de "village", chaque déplacement aérien est une tannée hors de prix... mais c'est aussi pcq tout antillais qui se respecte sent bien que s'il cherchait à toujours plus optimiser et routiniser tout ce qu'il voit, hé bien il serait un parisien stressé et pas un martiniquais heureux.
J'ai souvent remarqué au travail que la plupart de mes collègues n'avaient jamais la démarche d'institutionnaliser des tâches répétitives et préféraient réinventer tout à chaque fois : moins efficace à coup sur, mais on se laisse une chance d'être parfois plus créatif.
Bref, je voulais partager avec vous ma petite découverte : on vit plus heureux quand on ne court pas après une vie parfaite et exaltante. On n'a qu'une vie (jusqu'à preuve du contraire) et plutot que de la remplir à tout prix d'activités, il faut prendre le temps de la voir passer, de s'ennuyer même pour en apprécier la valeur et gagner en intensité. Je suis sure que chacun d'entre vous y avait déjà pensé, mais ça ne fait jamais mal de se le dire à nouveau parce que tout porte à croire qu'on le sait, et qu'on l'occulte volontairement.
Vous pensez encore qu'il n'y a point de salut en dehors de cette vie de consommation ou l'utilité est la mesure de tout ? Je vous garantis que si. Et pourtant je n'ai rien d'une hippie et je n'ai jamais rêvé d'un monde communiste, loin s'en faut.
Merci à tous nos fidèles lecteurs (parce qu'il fallait être sacrément fidèle pour nous lire jusqu'ici! Merki merki !) et à très bientot en chair et en os.
Nono et Debo
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 18 autres membres